Tourisme médical
Aucune statistique officielle internationale n'existe sur le tourisme de la Chirurgie Esthétique mais il est reconnu que le tourisme médical global représente un marché de près de 100 milliards de dollars (pour 3 millions de patients). Pour des raisons historique et linguistique, parce que leurs chirurgiens sont souvent formés en France et grâce à la proximité, la Tunisie et le Maroc sont probablement les premières destinations des Français, avant les pays de l'est. Il est aussi probable que ce choix soit celui des personnes originaires du Maghreb, tout simplement.
Les avantages sont surtout financiers car les coûts, les charges et la fiscalité sont élevés en France. Mais il ne faut pas oublier de compter transport, hébergement et frais annexes, plus une assurance spécifique, difficile à trouver, en cas de difficulté post-opératoire.
Les risques du tourisme esthétique sont importants, en particulier parce que tous les pays, toutes les structures n'ont pas les mêmes normes et contrôles, que le suivi post-opératoire est nécessaire alors que les risques de complication ne sont pas inexistants, même s'ils sont rares. Il sera presque impossible de se faire comprendre à distance dans une autre langue ou de faire valoir ses droits en cas de litige important ou si une intervention complémentaire est impérative. De plus, nous avons malheureusement vu à quel point la traçabilité est primordiale en cas de défaillance de prothèse. Comment maitriser à longue distance la traçabilité d'une prothèse ou d'un produit injecté ?
Il convient d'ajouter que les agences qui organisent le tourisme médical ne prennent aucune responsabilité en cas de difficulté post opératoire et ne vous offrirons pas un 2d AR en avion. Même si l'agence vous le proposait, seriez vous en état de reprendre l'avion ou d'effectuer un long trajet en train sans prendre des risques supplémentaires ?
Dans certains pays, tel la Corée du sud, la chirurgie esthétique devient si courante que toutes les parties du corps y passent, de plus en plus jeune, en particulier la mâchoire. 20 % des Coréennes se font opérer selon l'IPSAS. Une rue y est consacrée, mais le nombre de chirurgiens diplômés pour ces interventions est bien plus faible que le nombre d'intervenants. D'où viennent les autres ?
Cependant, il faut reconnaître que de nombreux professionnels de santé sont reconnus dans leurs pays et il est fréquent que des personnes vivant en France se fassent opérer dans un autre pays au cours de l'un de leurs voyages dans leurs pays d'origine : Maghreb, Israël, Brésil, Asie... sans aucune complication. Il faut ajouter que divers scandales ont démontré que la France peut aussi connaître des abus à cause de médecins incompétents ou de matériels et produits défectueux.
Le gouvernement et les praticiens Français ont d'ailleurs un discours ambiguë, conseillant aux patients Français de ne pas se faire opérer ou traiter à l'extérieur de nos frontières à cause du risque, réel, que cela génère, tout en souhaitant que les patients étrangers viennent se faire opérer ou traiter en France pour profiter de nos structures et compétences reconnues.
Ainsi, les Ministères de la santé, et du tourisme, avertissent :
« Certaines agences de voyages proposent sur Internet des forfaits touristiques incluant des actes de chirurgie esthétique pratiqués à l'étranger.
La direction générale de la Santé met en garde les personnes susceptibles de recourir à ce type de prestations sur l'absence de garanties offertes par ces agences, tenant notamment à la qualification des médecins appelés à donner des soins chirurgicaux, aux conditions de la pratique de l'anesthésie, mais aussi au respect des règles d'hygiène et d'asepsie. Ces personnes doivent avoir pleinement conscience des risques qu'elles encourent en achetant ce type de forfait, les autorités françaises n'ayant aucun pouvoir de contrôle sur des soins et pratiques réalisés en dehors du territoire national.
Les actes médicaux de chirurgie esthétique ne relèvent pas du statut d'agent de voyages, défini aux articles L. 211-1 et suivants du code du tourisme qui disposent que les agences de voyage doivent se consacrer exclusivement à cette activité.
Ainsi, une agence de voyage n'est pas autorisée à contribuer, de manière directe ou indirecte, par publicité ou information, à la vente de prestations de chirurgie esthétique, sous peine d'un éventuel retrait de licence. »
Mais, "le tourisme médical présente des perspectives de croissance majeures, susceptibles d'engendrer des retombées substantielles en matière d'activité économique, de création d'emplois et de recherche en France?», ont insisté en aout 2015 Marisol Touraine et Laurent Fabius, ministres de la Santé et des Affaires étrangères, en dévoilant une série de mesures pour développer l'accueil des patients étrangers. L'accueil de ces étrangers pourrait générer 2 milliards d'euros et permettre la création de + 25.000 emplois.
Bref, ce qui est bon pour les autres ne l'est pas pour nous... car tous les pays du monde n'ont pas les mêmes connaissances et compétences en médecine et en chirurgie, et particulièrement en chirurgie esthétique.
Tout cela confirme qu'il faut être extrêmement vigilant en s'assurant que l'on choisit le bon praticien.